Index de l'article

Reproduction des gnous et grande migration des mêmes

La conception se fait en mars avril, au début de la migration des gnous. Les gnous mâles se constituent au sein du troupeau des harems pouvant compter plusieurs dizaines de femelles en rut qu'ils protègent à coup de meuglements et de cornes contre les ardeurs des autres mâles. Les mâles célibataires sont rejetés sur le bord du troupeau, là où ils sont le plus vulnérables, les places les plus sûres sont réservées aux femelles et à leurs petits ainsi qu'aux "pachas". Après une gestation d'environ 8,5 mois, les naissances se produisent pour la plupart  en janvier et février et pour les dernières en mars, dans le sud du Serengeti et dans l'aire de conservation du Ngorongoro (NCA, région de Ndutu)... Elles ont lieu en plein jour, quand l'activité des prédateurs est moindre. En 3-4 semaines, à raison de 8000 gnous nouveau-nés par jour, l'essentiel des mises bas a eu lieu. Madame Gnou accouche d'un seul petit, sous l'œil intéressé des mangeurs de placentas (et plus si affinités/opportunités), hyènes et chacals... Les vautours aussi sont là pour débarrasser la savane des avortons, mort-nés et autres parturientes mortes en couche. Faut dire qu'il y a du pain sur la planche, si j'ose dire, avec ces 8000 naissances par jour ! Heureusement que Bébé Gnou est très rapidement capable de courir, vite et longtemps, avec Maman Gnou.

migration 5189

migration gnousoldup2Migration : gnous et jeunes en février à Ndutu
migration gnou16Migration : bébé gnou avec sa maman gnou

Le petit gnou peut se mettre debout et marcher puis galoper au bout de seulement trois à six minutes ! Indispensable quand on est l'objet de tant de convoitises ! Maman Gnou est du genre distrait, elle peut abandonner involontairement son pourtant unique petit, encore endormi, pour bouger ou migrer avec les copains et parcourir des kilomètres et des kilomètres avant de s'apercevoir de son léger oubli. Le petit veau-gnou suivra alors tout ce qui bouge, 4x4 compris en meuglant plaintivement. Cœurs sensibles, ne lisez pas plus loin, ces petits solitaires ne passeront pas la nuit... Il n'y aurait que 60 % de veaux à atteindre l'âge de 4 mois et encore la concentration des naissances en quelques semaines "sature" pourtant les capacités d'absorption des prédateurs, les pertes sont ainsi bien moindres que si les naissances étaient plus étalées dans le temps... Petit Gnou reste avec sa mère pendant un an, jusqu'à la naissance de Petite Sœur Gnou ou de Petit Frère Gnou. Les femelles sont fécondes chaque année jusque vers 12 ans. La durée de vie maximale d'un gnou est d'environ 18 ans, mais bien peu dans la savane atteignent ce grand âge... Dès 8 jours, Bébé Gnou peut parcourir jusqu'à 30 miles (plus de 40 km) par jour. Et quand arrive le moment de la grande migration ancestrale vers le nord à la recherche des pluies et herbes tendres, notre jeune gnou qui a alors 3-4 mois est capable de ne pas se faire larguer au cours des heures passées à migrer sur des dizaines de kilomètres, de soutenir l'allure et est beaucoup moins vulnérable. Jusqu'au crossing prochain, mais c'est une autre histoire que je raconte dans la partie 2 de la grande migration des gnous, s'pas ?

migration totognou
Migration : bébé gnou sans sa maman gnou. Ses heures sont comptées...

La grande migration, c'est quand ?

Eh bien, tout le temps, ou presque ! La migration des gnous est perpétuelle, ou presque ! Mais pas aux mêmes endroits ! En janvier et février, les gnous (et zèbres et accompagnateurs, dont les parasites : tsé-tsé, tiques) quittent le NCA et on peut les observer à Ndutu. En juin on les trouve sur la Grumeti et la Mara, de juillet à octobre, les gnous sont dans le Masai Mara, ils retournent dans le Sud à partir de septembre, octobre et le cycle continue... En principe, en principe ! Mais, comme tout phénomène naturel, de gros écarts sont possibles, encore plus quand le phénomène dépend des conditions climatiques. De grosses variations sont possibles dans les saisons, et donc dans la localisation et même dans le trajet de la grande migration. Ainsi une année, en février, nous avons parcouru pendant 10 jours tout le Serengeti du nord au sud et le nord de l'aire de conservation du Ngorongoro en ne rencontrant que des hordes faméliques (en nombre, pas en satiété). Jonathan Scott (The Great Migration) a écrit de la grande migration "It is a dynamic process wich defies predictions: no two years are ever quite the same". Et dans le livre de Sinclair et Areese, Serengeti II, on trouve la phrase suivante qui illustre bien le caractère non exactement prévisible de la grande migration, à la fois en "timing" et en parcours : "The precise timing and pattern of the Serengeti migration is complex and erratic.

La grande migration, c'est où?

Les endroits de prédilection : en Tanzanie en hiver (petite saison sèche) Ndutu, de mai à juillet Serengeti, Lobo, Klein's Camp, Migration Camp et le Corridor Ouest (Grumeti), au Kenya de juillet à octobre Masai Mara. Les grandes rivières du Serengeti sont l'occasion de "crossings" (traversées de rivière) particulièrement spectaculaires. Du sud au nord, les gnous traversent la Seronera puis la Mbagaleti, en mai juin, puis la Grumeti dans le Western Corridor et enfin la Mara en juin-juillet. La migration est ensuite observable dans la réserve de Masai Mara au Kenya (en fait, administrativement, les réserves).

migration

carte animée de la migration (tirée du site thesafaricompany)

Où et quand admirer la grande migration des gnous ?

migration. breuilCarte tirée de l'excellentissime "Kenya Tanzanie Le guide du safari faune et parcs" de Michel Breuil et al. Éditions Marcus