Ruaha National Park
Le parc national de Ruaha a d'abord été une réserve de gibier, la réserve de Saba créée en 1910 par le colonisateur allemand puis un Parc national en 1964. Ruaha a longtemps été le deuxième parc national de Tanzanie en superficie, juste derrière le Serengeti. Le projet d'extension du Grand Ruaha était évoqué de longue date. Il n'a été achevé qu'il y a quelques années en lui adjoignant une réserve adjacente, l'Usangu Wildlife Management Area, aboutissant alors à la création du plus grand parc national d'Afrique de l'Est. Mais l'écosystème de Ruaha est encore plus vaste, près de 45 000 km² avec les réserves de Rungwa, Kizigo et Muhesi. Ruaha NP a gardé son premier rang jusqu'en 2019 où il a été détrôné par les plus de 30 000 km2 du Nyerere NP.
Ruaha un jour d'octobre
L'arrivée en avion annonce tout de suite la couleur : la Ruaha River est à sec ou presque, la végétation de surface inexistante, on est bien en octobre en fin de saison sèche. Devant le lodge, la rivière se réduit à quelques flaques qui attirent petite et grande faune. Nois sommes ici pour 36 heures. Sur la rive opposée, un éléphant convoite des branches basses (pas si basses en fait)... et elles semblent vraiment savoureuses ! Un autre essai ? Par ces temps de disette, une grande trompe permet heureusement de cueillir un peu de verdure. Autour des flaques, des œdicnèmes vermiculés...
Un Héron goliath... Un Chevalier culblanc... Un petit crocodile et une ombrette... Un Héron strié... Un Vanneau à tête blanche. Un daman sur les rochers... et dans les branches un endémique de Tanzanie, le Spréo cendré. En descendant un peu le long de la rivière, Tantale ibis. Bergeronnette pie. Pygargue vocifère. Agame des colons. Dans une flaque plus profonde, un très jeune hippopotame retourne à l'eau, où l'attend sa mère. Hippopotame. Babouins et échasse dans les flaques. Une Échasse blanche juvénile. Ce premier soir, dans la végétation bien sèche, nous rencontrerons ce Barbican d'Arnaud... Un guêpier à queue d'aronde. Un Cordonbleu à joues rouges. Des Républicains d'Arnaud au nid. Une femelle de Ganga à face noire. Un Dik-dik de Kirk. Un Gonolek ardoisé (qui a perdu sa queue ?) Un Varan du Nil qui somnole. Un babouin jaune. Impala au soleil couchant. Le jour se lève sur le lit de la rivière Ruaha. Un Spréo cendré à l'abreuvoir. En quittant le lodge nous rencontrons un groupe de dames Grand Koudou. Grand Koudou femelle. Corvinelle noir et blanc. Bagadais casqué. Couple d'Aigles ravisseurs. Aigle fascié. Nous ne rencontrerons pas beaucoup de vautours. Ici un Vautour africain. Lionne. Lionceau. Alectos à bec rouge. Travailleurs à bec rouge (aussi...) Baobab près du lit de la rivière. Gazelle de Grant et Girafe. Girafe. Baobabs, zèbres et impalas. Zèbres. Baobab. Les guépards sont rares à Ruaha, c'est la seconde fois que nous en observons. C'est une des 3 espèces de mammifères que nous avons citées quand le guide nous a demandé ce que nous aimerions voir. Éléphants bien rangés. Un troupeau de buffles sur lapiste. Pas question de forcer le passage ! Buffles. Famille de lions à l'ombre au-dessus du lit de la Ruaha. Femelle d'agame. Elle a perdu une partie de sa queue. Cobe defassa. Tourtelette émeraudine. Femelle Grand Koudou dans les combretum. C'est l'époque où les "Tooth-brush Combretum" sont en fleur et les koudous en semblent très friands. Combretum en fleur. Grand koudou. Palmiers er rochers. Il est temps de trouver la seconde espèce que nous convoitons. Le Petit Koudou est là ! C'est une espèce bien moins courante et bien plus timide que son grand cousin. Petit Koudou. Nous ne l'avons rencontré qu'une fois auparavant à Ruaha, en février 2006. Et une seule fois en dehors de Ruaha, à Mkomazi. Palmiers et girafes. Choucador superbe. Jabiru, femelle aux yeux d'or. Calao de Tanzanie. Son nom scientifique est Tockus ruahae, il est donc ici bien à sa place. Inséparables masqués. Baobab et éléphants. Un petit morceau d'écorce de baobab ? ça ne se refuse pas ! Francolin à gorge rouge. Chacal à chabraque. Drongo brillant. Vue depuis les pentes du Kilimatonge. Le Kilimatonge est une haute colline visible de partout dans le parc. Et c'est dans les rochers de ses pentes que l'on trouve la troisième espèce de mammifère évoquée le matin avant le départ, l'oréotrague... qui même s'il est facile à observer, est une petite antilope très sympathique. |
Sa très grande superficie et sa faible fréquentation (environ 3 000 visiteurs par an en 2008, mais en augmentation constante depuis) en font une destination idéale pour ceux qui veulent être tranquilles avec la faune comme seule compagnie. Rappelons que le Serengeti reçoit plus de 200 000 visiteurs par an et, de source officielle, le cratère du Ngorongoro plus de 450 000... Alors en route pour le Garden of Eden, le Jardin d'Eden comme l'ont appelé les premiers explorateurs ?
Situation
Ruaha est situé sur la rive ouest d'un grand un affluent de la Rufiji, la Great Ruaha River, une rivière permanente (ou presque) qui en forme la limite sud-est sur 130 km.
Ruaha est un parc avec des reliefs, c'est un plateau avec une altitude moyenne de 1000 m, une hauteur minimum à 750 dans la vallée de la Ruaha River et un sommet à 1900 m à l'ouest du parc (Ikingu Mountain). La vie animale se concentre autour des cours d'eau et lacs en saison sèche, de juin à octobre. La végétation est variée, comme les paysages : forêt, essentiellement forêt miombo (le nom swahili de l'arbre prédominant, en anglais Msasa Tree, Brachystegia spiciformis), savane à graminées, bush, on voit des baobabs comme au Tarangire, que le parc évoque souvent. En fait le parc est une zone de transition entre l'écosystème du nord, savane et bush, et le type de végétation du sud, avec forêt miombo.
Mais il y a aussi de gros amas rocheux, des zones boisées denses, de nombreuses collines et petits monts, des rivières de sable, qui sont à sec 90 % de l'année et roulent des flots furieux détruisant ponts et gués aménagés en saison des pluies !
Le parc est irrigué par la Great Ruaha, qui en est la rivière principale, et ses affluents non permanents pour certains comme la Mwagusi ou la Mdonya. Ce sont une bonne partie de l'année des "Sand River" qui comme le nom l'indique sont réduites à un lit de sable, mais qui gardent un lit souterrain accessible aux "creuseurs-puisatiers" de différentes espèces, singes, éléphants, impalas, etc. Sur ses 160 km dans le parc alternent larges et calmes pools, rapides et gorges. Le lit et les rives de la rivière sont plus variés que ceux de la Tarangire River. La rivière est en saison sèche l'endroit où toute la vie animale semble se concentrer, une aubaine pour les safaristes ! Elle est également une aubaine pour tous les piscivores, crocodiles, hérons divers, ombrettes, aigrettes, pygargues et martins-pêcheurs, elle abrite 38 espèces de poissons. La Ruaha était très rarement à sec jusqu'a ce que des pompages de son eau pour l'agriculture ne l'assèche maintenant bien plus souvent qu'auparavant. Une remarque : la Great Ruaha River porte un nom qui est un pléonasme puisque luvaha/iruaha veut dire grand dans la langue des Hehe, la tribu locale - on trouve parfois une autre étymologie à partir de ruvaha qui veut dire rivière toujours en kihehe... Le nom d'origine de la rivière en kihehe est Lyambangari. Comme nous avons pu en juger à Mwagusi Camp où ils constituent la quasi-totalité du personnel, par ailleurs fort sympathique, les Hehe sont de petite taille mais vifs et mahousse kosto ! Ils ont d'ailleurs au temps de la colonisation allemande opposé une résistance féroce et héroïque au non moins féroce et brutal colonisateur allemand.
Ruaha en octobre
À notre avis, et pas seulement au nôtre, Ruaha pourrait bien être le plus beau parc de Tanzanie (même si j'ai, plus que ma blonde, un grand faible pour le Ngorongoro, qui n'est d'ailleurs pas un parc...), avec des paysages très variés, des collines et petites montagnes (au nom aussi exotique que le Kimilimatunge), des forêts avec pelouse comme dans des parcs anglais. La flore y est très riche, avec 1650 espèces végétales, dont des baobabs à foison, plus qu'au Tarangire auquel Ruaha fait souvent penser.
Grande faune
Ruaha est riche en buffles, si l'on y ajoute toutes les antilopes habituelles, impalas, élands, gazelles, rien d'étonnant avec tant de proies potentielles d'y trouver de grands groupes familiaux de lions ("pride" en anglais) de jusqu'à une vingtaine d'individus. Les léopards sont abondants et l'on trouve aussi des guépards dans les territoires adaptés de plaines inondables et savanes. À côté de la faune plus particulière que sont l'Antilope rouanne (ou Hippotrague rouan) et l'Antilope sable (ou Hippotrague noir, sable veut dire noir en anglais. et en héraldique...) que nous n'y avons malheureusement pas vues (elles sont plus visibles en fin de période sèche, d'août à octobre, même si c'est pourtant loin d'être gagné d'avance), Ruaha est peuplée de beaucoup d'éléphants (environ 10 000, la plus importante population des parcs d'Afrique de l'Est, mais moins qu'au Selous, qui n'est pas un parc national mais une Game Reserve avant de devenir en grande partie le Nyerere National Park), des Grands Koudous bien présents, c'est d'ailleurs le symbole du parc, on le trouve sur son affiche du parc ci-dessus à gauche. Il est également assez facile de voir des Petits Koudous et des oréotragues... Enfin, on peut avoir la chance d'y observer des lycaons, encore plus difficiles à voir que les antilopes rouannes, nous en avons vu lors de notre dernier séjour en 2017.
Des safaris à pied, accompagnés comme toujours d'un ranger armé, sont théoriquement possibles mais il faut s'y prendre tellement de temps à l'avance qu'en pratique ce n'est pas évident dans tous les camps. Les lodges et camps organisent aussi de petites promenades d'une heure à une heure et demie en périphérie de leurs installations mais cela n'a rien à voir avec un vrai game-walk. Depuis quelques années il existe aussi des possibilités de Ballooning Safari, safari en montgolfière.
Oiseaux
Ruaha NP compte plus de 500 espèces d'oiseaux , on trouve le nombre de 573 dans le livre de Sue Stolberger (!), même si Avibase n'en compte que 436. Les cigognes, cigones blanches et cigognes d'Abdim peuvent être particulièrement nombreuses en hiver. Trois espèces d'endémiques du plateau central sec tanzanien sont présentes également en nombre, le Spréo cendré, Lamprotornis unicolor, Ashy Starling et l'Inséparable masqué, Agapornis personatus, Yellow-collared Lovebird, et enfin le régional de l'étape, comme l'indique son nom d'espèce ruahae, le Calao de Tanzanie, Tockus ruahae, Tanzanian Red-billed Hornbill. La meilleure période pour les observer étant la "petite saison des pluies" de novembre à décembre et surtout la "petite saison sèche", de fin décembre à février, en débordant jusqu'en avril.On y trouve alors beaucoup de migrateurs venus du Nord, essentiellement des transfuges ayant fui les frimas de l'Europe, ou venus du sud, de l'Afrique australe... Et les résidents ont leurs plus beaux atours car ils sont en plumage nuptial.