Serengeti National Park
Le Serengeti est depuis 1981 l'un des sites naturels tanzaniens qui ont eu l'honneur d'être classés au Patrimoine mondial de l'UNESCO avec la Ngorongoro C.A., le Kilimanjaro N.P. et le Selous G.R. C'est le parc "obligatoire" de la Tanzanie du Nord. S'il n'y en avait qu'un seul d'obligatoire, ce dont je doute, car pour moi, à des degrés divers, ils le sont tous ! Le Serengeti, c'est Mara en 10 fois plus grand, 15 000 km2 contre 1500, en plus varié en paysages, et, forcément, en moins dense en faune, encore que... Le Serengeti offre la plus grande concentration au monde de grands mammifères, on en compte plus de 2 500 000 !
Serengeti NPImage typique de la "plaine sans fin", siringet en masaï, un kopje au milieu de l'étendue d'herbes. |
Situation
Le Serengeti a été en 1959 le premier parc national de la toute jeune République du Tanganyika.
Après Ruaha en 2004 et le Nyerere National Park en 2019 qui l'ont dépassé, le Serengeti est le troisième plus vaste des parcs nationaux de Tanzanie avec 14 763 km². Il peut être divisé en plusieurs régions avec leurs particularités, le Sud (Kusini), en jonction avec l'aire de conservation du Ngorongoro, le centre avec la rivière Seronera, le Nord-Ouest avec le Corridor occidental, Western Corridor, qui conduit au lac Victoria, le Nord-Est avec la région de Lobo, dont le prolongement kenyan est la célèbre réserve de Masai Mara. L'écosystème protégé du Serengeti dépasse les 25 000 km2 avec Masai Mara de l'autre côté de la frontière avec le Kenya et les aires protégées du Ngorongoro au sud-est et de Grumeti à l'ouest et les réserves de Maswa au sud-ouest et Loliondo au nord-est. Et, en comptant large, cet écosystème couvrirait même 40 000 km². Cet espace préservé et sauvage qui était sur le point de disparaitre au début des années 1950 doit beaucoup à notre regretté confrère, le Dr Bernhard Grzimek, à son livre "Serengeti darf nicht sterben" (Le Serengeti ne doit pas mourir) et au film qu'il en a tiré avec son fils Michael, film qui a remporté l'Oscar du documentaire en 1960.
Cartes du Serengeti et des zones protégées adjacentes (source Wikipedia Commons, licence GNU)
Écosystème
Avec le Serengeti nous avons un écosystème unique au monde déployé sur 25 000 km² (et même 40 000 pour le Greater Serengeti Ecosystem GSE), effectivement une plaine sans fin, même s'il s'agit d'un plateau où les reliefs peuvent être marqués ! Le Serengeti est donc en effet un plateau d'une altitude moyenne de 1100 à plus de 1500 m, de 1139 à 2174m (ou selon l'Encyclopedia britannica de 920 à 1850 m), une vaste, très vaste étendue plate et herbeuse, comme son nom en maa, la langue des Maasaï/Masaï, l'indique (Siringet = plaine sans fin). La savane y est la reine, savane-savane le plus souvent à herbes (graminées) hautes dans le Serengeti s.s. et à herbes courtes aux abords et dans l'aire de conservation du Ngorongoro, avec un peu de savane arbustive à épineux comme les acacias (dont Acacia drepanolobium) et des étendues moins importantes de savane arborée.. Les reliefs sont essentiellement constitués par des gros blocs rocheux, les kopjes, à ne pas négliger, car ils servent souvent de base aux lions. Les rivières, comme Seronera, Mbagaleti et Grumeti sont bordées de forêts riveraines.
Les kopjes jouent un rôle important dans l'approvisionnement en eau de la faune en saison sèche, entre les flaques qui subsistent et la condensation de l'eau sur les roches la nuit.
Faune
La faune du Serengeti est riche en variété et en biodiversité, mais aussi en nombre. Quelques chiffres glanés çà et là : 3 000 lions, 1 000 léopards, 500 guépards, 8 000 hyènes. La population de gnous après une chute à 100 000 têtes après l'épizootie de peste bovine au début du siècle dernier est remontée depuis les années 80 à plus d'un million de têtes, les zèbres seraient entre 200 et 500 000 selon les estimations, les gazelles se comptent aussi en centaines de milliers, sans doute près de 500 000.
Les kopjes, avec la végétation arbustive obstinée qui s'accroche à leurs flancs, offrent aussi un terrain de choix aux damans. Les guépards, eux, préfèrent se percher à l'affût sur les termitières. Enfin les léopards se trouvent dans les arbres, à proximité des rivières, généralement un seul individu, parfois deux. Ils squattent les branches horizontales, qui leur servent également de garde-manger : ils arrivent à monter leur proie, antilope ou même buffle pas trop lourd (pas un papy) à plusieurs mètres de hauteur. En saison sèche, les points d'eau sont rares, ils n'en sont que plus fréquentés, rivières, mares temporaires et même flaques attirent tout ce qui vit et qui boit, même au risque de leur vie : crocodiles ou carnivores terrestres. La trêve autour des points d'eau en période de grande sécheresse n'est peut-être pas une légende, mais elle est très relative, les hostilités peuvent être déclenchées sans préavis.
On trouve aussi dans le Serengeti des rhinocéros (dans les Moro Kopjes, qui s'ouvrent au tourisme dans des conditions particulières, dans des véhicules de rangers), des hippopotames, girafes, éléphants, presque toutes les antilopes possibles et des chacals, des hyènes,des crocodiles, et une riche avifaune où les rapaces, petits et grands, et les différentes espèces de vautours sont bien représentés. On recense 5 espèces de Primates, 28 espèces d'herbivores, "grazers" (mangeurs d'herbe) et "browsers" (mangeurs de feuillages) et 26 espèces de carnivores. Le nombre des espèces d'oiseaux dépasse les 500, il atteint même 660 d'après le site de référence Avibase.
Le Serengeti est un des meilleurs endroits pour voir les trois grands félins prédateurs, lion, guépard et léopard. Et avec un peu de chance, leur petit cousin serval. Et avec beaucoup de chance, leur petit cousin caracal, dont une photo avec pas moins de trois spécimens couchés sur la piste a longtemps orné un mur de Ndutu Lodge, qui fait certes partie administrativement du NCA, mais... En 1991 les chiens domestiques avaient déclenché une épizootie de Maladie de Carré qui avait causé la mort de près du tiers de la population de lions. Il resterait quand même quelques lycaons épargnés par la Maladie de Carré et la rage (et par l'extermination impitoyable des éleveurs et des chasseurs, voire des rangers).
Les grandes rivières qui barrent le parc d'Ouest en Est abritent de grands crocodiles (Crocodile du Nil) qui se nourrissent de grands poissons en attendant la grande migration annuelle et ses grands crossings générateurs de grands, pour ne pas dire de festins pantagruéliques...
Migration
Serengeti vient du masai "siringet", "l'endroit où la terre s'étend à l'infini". Et le Serengeti est perpétuellement parcouru par la grande migration des gnous , sur toute sa hauteur, la migration déborde même au nord sur la réserve de Masai Mara au Kenya et au Sud sur l'aire de conservation du Ngorongoro. La migration concerne plus d'un million de gnous (et un grand nombre de leurs compères zèbres et de leurs commères gazelles) en janvier, février au sud, en juin-juillet au nord-ouest, en octobre-novembre au nord-est. Les colonnes de gnous peuvent faire plus de 40 km de long !
La migration peut rencontrer dans son périple bien des difficultés, mais aucune de comparable à celles constituées par le franchissement des rivières tributaires du Lac Victoria qui barrent le Serengeti d'est en ouest. Les principales sont la Mgabaleti, la Grumeti et la Mara, elles donnent lieu à des crossings spectaculaires.
Carte des principales rivières du Serengeti NP
Oiseaux
On a recensé selon les sources 458 ou plus (jusqu'à 660 sur Avibase !) espèces d'oiseaux dans le Serengeti, environ la moitié des espèces présentes en Tanzanie y a donc été observée. Parmi elles, trois sont des espèces endémiques (présentes uniquement en Tanzanie), le Francolin à poitrine grise, Pternistis rufopictus, Grey-breasted Spurfowl, l'adorable Inséparable de Fischer, Agapornis fischeri, Fischer's Lovebird et le pas banal (de nom) Histurgopse à queue rouge, Histurgops ruficauda, Rufous-tailed Weaver et dix sont "Near endemics", presque endémiques. Détail amusant, ces espèces endémiques sont assez fréquemment rencontrées dans le Serengeti et n'ont jamais été vues dans la réserve adjacente de Masai Mara. On trouve dans le parc des espèces classées EN (Endangered) dans la Red List de l'UICN, comme la Grue royale, Balearica regulorum, Grey Crowned Crane et différents vautours sont même classés CR en danger critique d'extinction, Vautour charognard, Necrosyrtes monachus, Vautour africain, Gyps africanus, White-backed Vulture et Vautour de Rüppell, Gyps rueppelli, Rüppell's Vulture.