Selous GR 2006 2007
Sécheresse intense en janvier 2006. Girafe, gnous et impalas.
Climat et quand visiter ?
L'altitude du Selous GR/Nyerere NP n'est pas très élevée, entre 110 et 1250 m. Peut-être pour cette raison, il fait très chaud au Selous GR/Nyerere NP en été austral (notre hiver), et pas mal chaud en hiver austral (notre été, vous aviez compris). Les lodges et camps sont fermés de mars à juin, pendant la saison des pluies. Sans doute en raison de la chaleur, les lions du Selous GR/Nyerere NP sont particulièrement peu riches en poils et crinières !
Le climat du Selous GR/Nyerere NP est marqué par l'existence d'une saison sèche, en principe de juin à octobre, mais il arrive que cette saison se prolonge. En janvier 2006, il avait anormalement peu plu en novembre et décembre et la végétation était brûlée, les hippopotames erraient loin de la rivière en plein jour sous le soleil ardent à la recherche de nourritures, les cadavres d'animaux morts de faim, girafes et hippopotames étaient tellement nombreux que les charognards, hyènes et vautours, s'en désintéressaient. En janvier 2007, tout était vert, il pleuvait beaucoup, et les hippos étaient gras comme jamais ! Cela pour dire que d'une année sur l'autre, les changements climatiques peuvent être considérables.
Le tableau suivant, inspiré de Weather2travel.com, donne une bonne idée de ces deux saisons. D'autres sources offrent des données différentes, mais le principal demeure ces deux divisions, saison des pluies de novembre à mai et saison sèche de juin à octobre, avec des mois d'hiver (été austral) chauds.
Climat du Selous GR/Nyerere NP | Janvier | Février | Mars | Avril | Mai | Juin | Juillet | Août | Sept. | Oct. | Nov. | Déc. |
Température Min-Max | 23-32 | 23-32 | 22-32 | 22-31 | 20-30 | 18-29 | 17-29 | 17-29 | 19-31 | 20-32 | 22-33 | 23-32 |
Heures de soleil par jour | 7 | 8 | 7 | 6 | 6 | 7 | 7 | 7 | 8 | 8 | 8 | 8 |
Précipitations en mm | 143 | 139 | 219 | 311 | 123 | 23 | 15 | 12 | 33 | 38 | 110 | 131 |
Jours de pluie | 14 | 10 | 16 | 16 | 9 | 3 | 3 | 3 | 2 | 4 | 8 | 15 |
Quand aller au Selous GR/Nyerere NP ?
Pour l'observation de la grande faune, la meilleure période est la saison sèche, avec des animaux plus concentrés autour de la Rufiji et des lacs et une végétation moins exubérante qu'en fin de saison des pluies. Les pistes seront moins facilement praticables en saison des pluies même si beaucoup sont suffisamment caillouteuses/rocheuses pour ne pas devenir un marécage infranchissable... Pour l'observation des oiseaux, les mois de notre hiver offrent la présence des oiseaux migrateurs du paléarctique occidental et seront donc à privilégier. Les mois les plus pluvieux, de mars à mai, sont classiquement déconseillés.
Pourquoi un safari au Selous GR/Nyerere NP ?
Un safari au Selous GR/Nyerere NP est une expérience unique. La partie de la réserve consacrée au safari observation/photo accueille environ 2000 touristes par an (chiffre 2008), moins d'un par an et par km² ! Les paysages grandioses ou/et désolés de forêt miombo, de rivière, de bush, la chaleur parfois accablante, les concentrations d'hippopotames donnent des sensations très différentes de celles des safaris classiques kenyans ou nord tanzaniens.
Voilà un slogan qui le ferait, "le Selous GR/Nyerere NP, des safaris qui dépaysent les safaristes", s'pas ? Pour bien l'apprécier, je conseille d'y séjourner au moins 4 ou 5 nuits.
Un safari au Selous GR/Nyerere NP, c'est l'assurance de ne pas être avec tout le monde, de faire partie des "happy few". Et c'est au Selous GR/Nyerere NP que l'on a le plus de chance en Tanzanie d'observer des lycaons, de voir des éléphants traverser une rivière et de pouvoir faire les trois types de safaris en voiture, à pied ou en bateau (il manque juste, pour le moment, montgolfière et ULM).
Types de safaris au Selous GR/Nyerere NP
Les camps et lodges peuvent vous organiser des safaris à pied, accompagnés obligatoirement d'un ranger armé. Plus classiquement, ils proposent des game-drives, safaris en 4x4. Ceux-ci sont dépourvus de portes et ont un toit en toile, donc pas de toit ouvrant, l'appui sur un bean-bag pour les photos est donc à oublier. Avec un long télé (600 ou 800 mm) il ne reste plus qu'à bricoler un système de sangle accroché à un montant du toit (quand le toit existe, ce qui est généralement le cas) ou à se caler sur son genou si l'on a négligé de se munir d'un monopode. On peut aussi utiliser un trépied si l'on a de la place, beaucoup de place...
Les promenades en bateau (à moteur hors-bord) sur la Rufiji sont un must, à vous les innombrables hippos, peu/pas agressifs même si l'un d'eux a heurté le fond de notre embarcation, sans dommage (elle était en alu, lourde et stable, et il y avait 5 personnes à bord). Les crocodiles évidemment, mais aussi les hérons de toute sorte, les martins-pêcheurs de différentes espèces, les pygargues vocifères font partie du paysage habituel de la rivière. Des pique-niques sur le bord de la rivière, à des endroits choisis avec soins, crocos et hippos obligent, sont l'occasion de passer une bonne partie de la journée au ras de l'eau, mais pas forcément au frais. Attention, certains camps ne proposent pas de sorties sur la Rufiji River mais sur des lacs, ce qui est beaucoup moins intéressant, pour ne pas dire pas intéressant.
La réserve de gibier de Selous, barrage, mines, WWF et UNESCO
Comme l'aire de conservation du Ngorongoro et les parcs nationaux du Kilimandjaro et du Serengeti, la Selous GR/Nyerere NP GR est inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO, et ce depuis 1982. On peut consulter la fiche UNESCO du Selous GR/Nyerere NP ici. Elle répond bien aux critères définis par l'UNESCO pour qualifier un site naturel :
vii)représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance esthétique exceptionnelles ;
(viii)être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d'éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification ;
(ix)être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l'évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d'animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins ;
(x) contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.
Ce classement est hélas remis en question en 2013. La réserve pourrait être classée comme "patrimoine mondial en péril" si l'état tanzanien ne prend pas des mesures efficaces contre le braconnage des éléphants, persiste dans ses projets de barrage sur la Rufiji à la Gorge de Stiegler, ne limite pas et ne compense pas les conséquences de l'exploitation de la mine d'uranium de Mkuju et d'une manière plus générale toutes les conséquences du développement, celles des routes, des infrastructures, de l'agriculture... Ainsi le Comité du patrimoine mondial a édicté en 2013 :
[...]
-Demande par ailleurs à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial,d’ici le1er février 2014,un rapport d’étape sur l’application de ce qui précède, ainsi qu’un rapport d’état sur la mise en œuvre de la décision 36 COM 8B.43, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 38e saison en 2014,en vue de prendre en considération, dans le cas de la confirmation d’un danger potentiel ou certain, l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Et en 2014, l'UNESCO a effectivement appliqué l'article 11.4 de la convention en plaçant le Selous GR sur la "Liste du patrimoine mondial en péril" en raison principalement du braconnage qui a drastiquement réduit la population d'éléphants, du projet de mines d'uranium, de barrage sur la Rufiji. Parmi les reproches persistants de l'UNESCO, ceux-ci en 2015 :
"Déclin significatif des populations d'animaux sauvages dû au braconnage
Un financement et une gestion insuffisants
Prospection et exploitation des minéraux et des hydrocarbures
Gestion et développement du tourisme
Proposition de développement d'un barrage
Opérationnalisation du projet d'extraction d'uranium
Manque de préparation aux catastrophes
Nécessité d'une zone tampon
Nécessité d'une participation accrue des communautés locales
Espèces exotiques envahissantes"
Le "Stiegler's Gorge Hydroelectric Power Station", c'est un barrage de 134 m de haut qui sera construit par une société égyptienne avec un financement chinois pour un coût qui est passé de 3 à 10 milliards de dollars. Il procurera certes une énergie non génératrice de carbone à la Tanzanie mais il générera une dette (chinoise) qui pourrait placer le pays sous dépendance et ouvrir la voie à une exploitation non mesurée de ses ressources naturelles aux dépens de la nature. Le WWF a établi une étude très documentée et très critique de ce projet de barrage, elle peut être consulté et téléchargé ici.
En 2019, l'UNESCO décide de maintenir le Selous sur la liste du patrimoine mondial en danger.
Et la touche finale, ne serait-ce pas la décision d'amputer la réserve de 30 893 km2 pour créer le parc national Nyerere ? Et ce après avoir déjà retiré de la réserve le territoire de la mine d'uranium de Mkuju. Cela ne répond pas vraiment aux desiderata de l'UNESCO ou du WWF, de plus il est à craindre que l'opération ne conduise pas à un parc Nyerere bénéficiaire, alors que la réserve de chasse était correctement rentable (elle rapportait 6 000 000 $), du moins avant l'interdiction par les U.S.A. de l'importation de trophées... Autre affaire à suivre...